LE DADDY DU MOIS: PAPA CHOUCH
Plus de 130.000 personnes le suivent. Pourquoi ? Parce qu'il fait du bien. Toutes ces questions qui nous hantent quand on est parent, il les balaie d'un rire. Une façon de rappeler qu'ils ont été quelques milliards avant nous et qu'il y en aura encore plus après. Que si être parent est la chose la plus extraordinaire du monde, elle est aussi la plus commune. Olivier, allias Papa Chouch a 37 ans, un fils de 3 ans et un deuxième enfant attendu en avril (dont Daddy Coool connaît le sexe, mais chut, c'est à découvrir bientôt sur son site). Évidemment, on a voulu discuter avec lui. Il aura fallu décaler le rendez-vous, parce que la cantine de son fils faisait grève ce jour-là, mais ça valait le coup, parce qu'Olivier est un père extraordinaire, un père comme les autres.
À quel moment, t'es-tu senti papa ?
Depuis que j'ai 20 ans, je sais que j'aurai des enfants. Il m'a fallu du temps pour les faire parce que j'ai fait plein de choses avant. Sinon, je me suis senti papa à l'annonce de la grossesse. Et puis, encore plus après, quand tu le tiens pour la première fois et après on a fait un peau-à-peau.
Pendant la grossesse, on avait fait de l'haptonomie avec ma femme en plus, pour apprendre à donner plus de place au père.
Raconte-nous un peu ton parcours ?
Je suis issu du monde de l'animation pour enfants. J'ai gravi les échelons jusqu'à devenir directeur d'une grosse structure, avec un budget de 3 millions d'euros, un gros machin. Je dépendais de la ville. Une ville de gauche, quand elle est passée au centre droit, je ne me sentais plus en phase, alors je suis parti.
Avant ça j'avais pas mal de choses, comme passé mon CAP cuisine en cours du soir, ou faire le tour du monde pendant un an avec mes potes à 27 ans. Donc quand j'arrête, j'ai deux ou trois mois pour réfléchir à ma vie, ce qui est la première fois depuis mes 17 ans. J'ai réalisé qu'il n'existait rien ou pas grand chose pour les pères. Et surtout, rien qui n'apporte un peu d'humour.
Oui, on parle toujours avec beaucoup de sérieux de la parentalité. Trop ?
La société met une pression très forte. Il y a dans la parentalité le culte de la perfection encore plus qu'ailleurs. Si ton enfant fait un pas de travers, c'est de ta faute.
J'ai toujours été sympa et drôle, je n'allais pas devenir austère et sérieux en devenant papa.
Quand tu regardes ou lis les médias, la parole est toujours donnée à des experts. Très sérieux. Et les parents ont du mal à rester eux-mêmes parce qu'il y a cette pression pour entrer dans le moule des attentes.
Internet offre aussi cette facilité. Seul face à son écran on peut rire. Si je fais les mêmes blagues devant trois mamans, elles hésiteront à rire de peur de ce que penseront les autres.
Tu pointes l'absurde de la parentalité. Vu de l'extérieur, on est toujours un peu ridicule ?
Bien sur. « Tu sais que t'es parents quand tu fais des coucous ridicules à ton enfant sur un manège ». Je l'ai fait. Il repasse dix fois. Dix fois tu fais coucou en l'appelant par son surnom ridicule.
Mais j'aime aussi parler des trucs pénibles comme gérer les grands-parents, le regard des autres sur l'allaitement...
Les pères ont souvent plus de second degré. Les mères ont beaucoup plus de pression sur les épaules ?
Totalement. Mais ça progresse. La vision de la société est encore ancrée avec la mère qui doit s'occuper des enfants. Si un truc ne va pas, c'est la faute de la mère. Par contre, et c'est tout aussi idiot, dès que le père fait un truc bien, il se fait encenser. « Il a gardé les enfants un soir, whoaou ».
L’éducation d'un enfant est due à son père et à sa mère. Tout comme son échec.
C'est pour ça aussi que tu es suivi par 85 % de femmes ?
Ce qui veut dire que les femmes ont de l'humour, même quand c'est très trash. Un besoin cathartique. Je suis passé à 84 %. Je grappille des parts sur les hommes. C'est bien, parce que d'habitude, c'est plutôt 96 ou 97 % de femmes. C'est énorme 16 % d'hommes.
Moi je m'intéresse aux parents. Je ne parle jamais des papas ou des mamans seuls. Si je marquais « Tu sais que tu es maman quand... », j'aurai deux fois plus de succès, mais ce n'est pas ma vision de la parentalité.
Les papas commencent à revendiquer leur place. Comme ces pères qui montent en haut des grues ?
Et ils ont raison. Il faut qu'ils aient autant de chance d'avoir la garde des enfants dans un divorce. Les hommes doivent plus faire à manger, s'ils ne le font pas déjà, mais il faut aussi qu'ils aient le retour.
Pourtant, les pères sont plus souvent démissionnaires que les mères, non ?
J'ai bossé pendant 20 ans dans l'animation et je n'ai jamais vu de parents démissionnaires. J'ai vu des parents qui ne savaient pas quoi faire.
C'est fou, parent, c'est l'un des rôles les plus compliqués et importants au monde et il n'y a pas de soutien. Tout ce que tu reçois, ce sont des critiques : Des psy, de l'école, de ta famille, …
Bon, après, je ne veux pas devenir moraliste. Je suis souvent sollicité pour une pétition ou autre, mais je ne relaie jamais.
Je finis par une question « simple » : qu'elle est la principale chose que t'as appris ta paternité ?
Je pensais être quelqu'un de patient. Mais ma patience est très aléatoire. Les gens qui me suivent pensent que je suis le papa parfait, mais moi aussi parfois j'ai encore envie de jeter mon fils contre un mur parce qu'il est fatigué et moi aussi. Je vous le déconseille fortement d’ailleurs car c’est interdit par la loi, appelez votre belle-mère car même si elle est pénible elle vous sera bien utile dans les moments de fatigue extrême.
papachouch.com
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