Vous le saviez tous avant de devenir papa : avoir des enfants, c'est faire passer la vie d'un(e) autre avant la sienne. Ce que vous ne saviez pas, c'est que cet autre, c'est votre femme. Au moins le temps de la grossesse.
Tout débute, quand l'annonce est officielle. Vous avez fait ça dans l'ordre : parents, amis, collègues et statut Facebook. Bref, aujourd'hui, tout le monde sait que vous allez être papa. Mais pour le moment, vous n'êtes pas un futur papa. Non. Vous êtes le compagnon de la future maman.
Où que vous alliez, la phrase que vous entendez en premier est : « comment va ta femme ? », suivi bien sûr de « vous connaissez le sexe ? ». Que vous soyez angoissé, excité, fatigué, voire malade ou mourant, tout le monde s'en fout. Ce qui compte, c'est votre femme.
« Elle a des nausées ? Elle mange bien ?
Elle fait de l'acné, rétention d'eau, flatulences, pertes blanches, vergetures, constipation... »
Voilà comment commencent invariablement vos journées. Et dire qu'on vous trouvait vulgaire avec un jeu de mot graveleux hebdomadaire.
Mais on schématise. Il ne s'agit là que de vos connaissances féminines, trop heureuses de trouver dans la gente masculine un ami qui comprenne ce qu'elles ont traversé.
Pourtant, les mecs aussi ne vous parlent que de votre femme. Mais eux, les deux seules choses qui les intéressent, c'est de savoir combien de taille de bonnet elle a pris et si sa libido est devenue folle.
Certains pourraient trouver cette situation injuste. Et ils auraient raison. Quelle injustice pour les femmes. Centre du monde pendant neuf mois, elles voient tout l'intérêt disparaître en une seconde dès qu'elles expulsent le petit être. Et alors, la seule chose qu'elles entendront (et vous aussi) c'est « comment va le (la) petit(e) ? ».
S'ensuit un énorme baby blues, trouble identitaire, perte de confiance, sentiment de vide, perception de sa vacuité, jalousie, grand huit hormonal.
Mais vous, serein, vous êtes expert en la matière depuis neuf mois.
Un jour, juste pour rire, essayez. Quand une amie est enceinte, demandez-lui chaque matin : « Salut, comment va ton mec ? ».